Le ratio prix blé sur prix urée actuellement à 0,511, loin du seuil déclencheur de 0,6

May 7, 2025
Analyse de marché

🔎 État des lieux du marché

Le marché des engrais azotés reste sous tension mais globalement stable ces derniers jours. Actuellement, l’urée s’échange à 395 €/t vrac portuaire, tandis que l’ammonitrate 33,5 % est proposé à 370 €/t vrac rendu culture. Ces niveaux sont supérieurs à ceux observés à la même période en 2024, où l’urée se négociait autour de 360 €/t.

Un indicateur clé, le ratio blé/urée, est actuellement à 0,511, loin du seuil incitatif de 0,6. Pour que les achats redémarrent, il faudrait que le prix de l’urée tombe à environ 335 €/t vrac portuaire, toutes choses égales par ailleurs.

Enfin, l’offre est encore peu développée. Les propositions commerciales s’apparentent à du déstockage et les acteurs majeurs n’ont pas encore lancé de campagnes structurées. La demande reste molle, et le marché mondial est dans l’attente de signaux plus clairs.

📈 Facteurs haussiers

Incertitudes sur les droits de douane européens vis-à-vis des engrais russes

L’Union européenne n’a pas encore statué sur l’éventuelle application de droits de douane sur les engrais russes. Un durcissement des règles pourrait entraîner une raréfaction de l’offre importée, et donc exercer une pression haussière significative sur les prix en Europe.

Droits de douane et prix élevés aux États-Unis

Le marché américain reste tendu : des droits de douane élevés, des prix intérieurs déjà soutenus et une demande forte attirent les volumes exportables. Cette réorientation des flux vers les États-Unis réduit mécaniquement la disponibilité pour le marché européen, tirant les prix vers le haut.

Tensions logistiques mondiales persistantes

Les perturbations liées aux voies maritimes internationales, notamment en mer Rouge et dans le Pacifique, allongent les délais et augmentent les coûts. Cette instabilité logistique pousse les acteurs à sécuriser leurs approvisionnements en amont, ce qui entretient une prime de risque sur les prix.

📈 Facteurs baissiers

Un ratio Blé/Urée encore très défavorable

Le ratio blé/urée à 0,511 incite les producteurs à différer leurs achats, ce qui freine les transactions. Le seuil habituel de déclenchement se situant autour de 0,6, il faudrait une baisse d’environ 60 €/t sur l’urée pour enclencher une dynamique d’achat.

Une offre encore peu concurrentielle

Les quelques offres sur le marché sont issues de déstockage, sans réelle stratégie commerciale globale. Le manque de concurrence visible retarde le démarrage de la nouvelle campagne, mais dès que plusieurs fournisseurs se positionneront, une pression à la baisse pourrait rapidement se matérialiser.

L’incertitude sur les exportations chinoises

La Chine, traditionnellement un acteur clé du marché, pourrait revenir massivement à l’export dans les semaines à venir. Son potentiel disponible est estimé à 2 millions de tonnes d’urée, ce qui constituerait une injection significative d’offre sur le marché mondial. Si Pékin confirme cette orientation, les prix pourraient chuter rapidement, comme observé lors de précédents déblocages. Le marché reste extrêmement sensible à cette annonce, déjà évoquée dans certaines rumeurs la semaine dernière.

Des fondamentaux toujours globalement baissiers

Le contexte global reste favorable à des prix bas : un euro fort face au dollar, un gaz naturel peu cher en Europe (sous les 30 €/MWh) et une demande mondiale atone. En mai 2024, dans un contexte équivalent, l’urée se négociait autour de 360 €/t. Si aucune pression haussière ne s’impose dans les semaines à venir, les prix pourraient retrouver ces niveaux.

Sentiment de marché

Le marché est dominé par une attente stratégique. Les fondamentaux globaux (euro fort, gaz bas, demande molle) plaident pour une détente des prix. Toutefois, l’incertitude autour des flux russes, les appels d’offres indiens et surtout un éventuel retour massif de la Chine à l’export mettent les opérateurs sur la défensive.

Dans ce contexte, nous estimons que l’urée pourrait évoluer entre 350 et 400 €/t vrac portuaire selon les scénarios. Si la Chine confirme la mise sur le marché de 2 Mt, une baisse rapide vers les 320-340€/t est probable. La conférence de l’IFA prévue la semaine prochaine pourrait catalyser une nouvelle dynamique, soit à la hausse si l’offre reste contrainte, soit à la baisse si les flux chinois ou russes se libèrent.

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