🔍 État actuel du marché
Le marché des engrais organiques, et en particulier du 9-5-0, reste marqué par un calme apparent en cette fin octobre 2025. Les clients agricoles, en particulier dans le secteur des grandes cultures, ne sont pas encore entrés en phase active d’achats. Malgré cette demande commerciale temporairement en retrait, les prix du 9-5-0 ont connu une hausse de +50 à 60 €/T par rapport à 2024, reflétant une réalité plus profonde : une pression structurelle sur la matière première. La farine de viande, utilisée également en alimentation animale, se raréfie, et son coût de transformation explose sous l’effet conjugué de la hausse énergétique, logistique et d’un recul des volumes abattus. La tendance tarifaire pour le T1 2026 confirme cette orientation haussière. Ce marché est aujourd’hui pris en étau entre une offre contrainte et une demande globale croissante (tous usages confondus), ce qui crée un déséquilibre structurel durable.
📈 Facteurs haussiers
1. Tension sur la matière première organique
La farine de viande, composant unique du 9-5-0, est aujourd’hui soumise à de fortes tensions. La baisse des volumes d’abattage, couplée à l’instabilité des approvisionnements en sous-produits animaux, réduit considérablement la disponibilité. À cela s’ajoutent des coûts de traitement (séchage, transformation) qui explosent sous l’effet de la hausse de l’énergie. Enfin, certains lots sont détournés vers des usages alternatifs : alimentation animale ou valorisation énergétique, réduisant encore les volumes disponibles pour le secteur des engrais.
2. Demande agricole structurellement en hausse
Même si les achats sont calmes à court terme, la demande agricole pour les fertilisants organiques connaît une croissance de fond. Face aux prix élevés du gaz et aux contraintes réglementaires sur les engrais chimiques, de nombreux agriculteurs cherchent des solutions organiques pour l’azote et le phosphore. Le développement de l’agriculture biologique et des pratiques agroécologiques (semis direct, couverts végétaux, etc.) renforce ce mouvement. Cette dynamique installe une pression durable sur l’offre.
3. Concurrence avec l’alimentation animale
La farine de viande est également une source de protéines utilisée dans l’alimentation des porcs, volailles et poissons. Avec la hausse des prix du soja et des tourteaux végétaux, les fabricants d’aliments se tournent davantage vers les protéines animales. Ce changement d’usage crée une véritable concurrence intersectorielle : alimentation animale contre engrais agricole. Résultat, la valeur de la matière grimpe et la disponibilité pour les engrais diminue.
📉 Facteurs baissiers
1. Attentisme du marché agricole
À ce stade de la campagne, les distributeurs et agriculteurs ne sont pas encore passés aux achats. Cette inertie ralentit temporairement la dynamique de prix, bien que les fondamentaux soient haussiers. Ce calme apparent peut donner une fausse impression de stabilité, mais il ne reflète pas les tensions réelles sur la matière première.
2. Hypothèse d’un recul énergétique
Une détente sur les marchés du gaz et de l’électricité dans les prochains mois pourrait alléger les coûts de fabrication. Les usines de transformation, très énergivores, bénéficieraient directement d’un tel mouvement. Cependant, cet effet reste incertain et n’inverserait pas la tendance si l’offre en farine de viande reste tendue.
3. Potentiel redressement des abattages
Une reprise des volumes abattus (porcins et bovins) dans certains pays européens pourrait apporter un surcroît de matière première disponible. Si cette tendance se confirmait, elle contribuerait à alléger la tension actuelle sur la farine de viande. Pour l’instant, cette hypothèse reste à surveiller.
📊 Notre sentiment de marché
Le marché du 9-5-0 est confronté à une situation de déséquilibre durable entre une offre très contrainte (matière unique, coûts élevés, concurrence intersectorielle) et une demande globale structurellement en hausse. Bien que les achats agricoles soient encore peu actifs, ce calme ne doit pas masquer les tensions de fond. Le prix actuel, déjà en hausse de +50 à 60 €/T par rapport à 2024, pourrait encore progresser dans les mois à venir.
Cette hausse ne résulte pas d’une stratégie spéculative, mais d’un alignement de facteurs structurels : énergie, logistique, concurrence d’usages, et rareté de la matière. Dans ce contexte, l’anticipation des besoins devient stratégique : attendre pourrait coûter plus cher demain.




