🔍 État actuel du marché
Le marché des engrais organiques entre dans une phase de tension croissante alors que la période d’utilisation approche. Dans un contexte d’attentisme généralisé sur les engrais organiques et minéraux les agriculteurs n’ont, pour beaucoup, pas encore sécurisé leurs besoins en azote. Cette situation génère un climat d’incertitude renforcé par des commandes de dernière minute qui se profilent pour janvier, comme en 2024.
Parallèlement, les exportations d’engrais organiques se sont effondrées, privant les fabricants d’un débouché essentiel pour équilibrer leur production. Les industriels du secteur pratiquent une rétention des volumes dans l’espoir de remonter leurs marges, tandis que les distributeurs achètent très peu, craignant d’assumer seuls le risque d’un retournement brutal du marché.
Le marché est donc figé, avec peu de volumes disponibles, des prix sous pression et une offre locale fragilisée. La tension pourrait s’intensifier rapidement en janvier si les volumes retenus venaient à être débloqués au moment d’un éventuel pic de demande.
📈 Facteurs haussiers
1. Hausse des coûts des engrais minéraux et incertitudes liées au CBAM
Le prix des engrais minéraux reste historiquement élevé, notamment en azote, avec l’ajout d’un risque réglementaire majeur : l’introduction de la taxe carbone (CBAM) en janvier 2026. Les importateurs sont paralysés, incapables d’évaluer le coût réel des intrants importés. Cette situation rend les engrais organiques mécaniquement plus compétitifs. De plus, la volatilité des prix du CO₂ et le flou réglementaire encouragent les agriculteurs à chercher des alternatives moins exposées, comme les fertilisants organiques.
2. Rétention stratégique des fabricants et anticipation d’une ruée en janvier
Les producteurs de farine animale, matière première clé des engrais organiques, adoptent une stratégie de rétention afin de créer une tension artificielle sur l’offre. Ce choix repose sur l’expérience de janvier 2024, où une ruée tardive avait permis aux acteurs disposant de stock de vendre à des prix élevés. En maintenant les prix hauts malgré une demande atone, ils anticipent une situation similaire début 2026 et misent sur des marges plus confortables au moment des commandes tardives.
3. Période d’utilisation imminente
La fenêtre d’application des engrais organiques approche rapidement. Ce facteur saisonnier reste déterminant pour générer une demande soudaine et concentrée sur quelques semaines. Le moindre décalage dans les décisions d’achat pourrait provoquer une congestion logistique, faire monter les prix et entrainer des ruptures de stock. Le souvenir des difficultés de livraison l’année dernière reste très présent dans les esprits.
📊 Notre sentiment de marché
Le marché des engrais organiques reste aujourd’hui dans un état de latence, mais les tensions sous-jacentes sont nombreuses. Si la demande est pour l’instant peu visible, tout laisse penser qu’elle pourrait réapparaître brutalement début janvier, comme en 2024. Le scénario le plus probable est celui d’un démarrage tardif avec un pic de tension sur les prix entre mi-janvier et février, en fonction des arbitrages azote minéral / organique.
La hausse des prix se confirme pour le début d’année sur tous les engrais organiques. La vigilance est de mise pour les utilisateurs finaux : l’attentisme pourrait se transformer en contrainte logistique, budgétaire voir des ruptures de disponibilité en pleine période d’utilisation.
Si le marché est bousculé du coté des bouchons, il l’est également coté composts. Nous observons une anticipation des commandes marquée sur la basse saison, tant en fientes de volailles qu’en composts de porc, les agriculteurs sont aux achats pour sécuriser leurs volumes, et les prix repartent déjà à la hausse.
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