🔍 État actuel du marché
Les marchés céréaliers connaissent une dynamique contrastée en ce début décembre. Le blé sur Euronext a progressé de 0,50 €/t entre le 28 novembre et le 1er décembre, en partie soutenu par la faiblesse de l’euro. À l’inverse, le maïs a perdu 0,50 €/t sur la même période, reflétant une demande atone sur le Rhin. Si les primes à l’export restent favorables, notamment pour l’orge, qui se paie jusqu’à 6-7 €/t de plus que le blé (un écart historiquement inédit), les perspectives demeurent incertaines.
Les marchés mondiaux continuent d’être marqués par des hausses de production dans l’hémisphère sud : +1,8 Mt de blé en Australie à 35,6 Mt, et 15,7 Mt d’orge. Sur le blé, la pression reste vive avec des prix russes et argentins en repli.
En France, les conditions logistiques perturbées par la grippe aviaire pèsent sur la consommation en alimentation animale. Le colza et le tournesol tirent leur épingle du jeu, profitant de bonnes primes et d’une dynamique portuaire solide. Globalement, le Matif semble refléter fidèlement les fondamentaux mondiaux, ce qui limite les espoirs de rebond à court terme, sauf choc géopolitique.
📈 Facteurs haussiers
1. Primes export élevées sur l’orge
L’orge bénéficie d’une prime historique par rapport au blé : 6-7 €/t de plus actuellement, alors que l’écart était de -30 €/t l’année dernière. La prime portuaire en janvier-mars a gagné 10 €/t en un mois, alors que celle du blé est restée stable. Ce déséquilibre reflète une demande internationale soutenue, notamment de la part de la Chine, de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite. Malgré un léger ralentissement du rythme de chargement (entre 2,0 et 2,1 Mt sur 3 semaines), la tension sur l’offre demeure perceptible.
2. Soutien technique des marchés et faiblesse de l’euro
Les récents achats techniques sur le blé MATIF ont permis au marché de se stabiliser après avoir touché un nouveau plus bas sur l’échéance mars 2026. Par ailleurs, l’euro, qui est récemment remonté à 1,16 USD, reste inférieur aux 1,1650 atteints auparavant, soutenant la compétitivité européenne à l’export. Ce facteur monétaire est clé dans un contexte de concurrence mondiale exacerbée, notamment face aux offres russes et argentines.
3. Bonne tenue du colza et du tournesol
Le colza reste l’un des rares produits à dégager une marge intéressante cette année : on atteint 500 €/t départ, voire plus en zone portuaire, grâce à un MATIF dynamique et des primes huile attractives. Le tournesol suit la même tendance, avec des prix allant de 610 à 630 €/t rendu portuaire. Cette situation offre un levier de trésorerie à court terme et une opportunité pour certains producteurs de s’engager sur la récolte 2026.
📉 Facteurs baissiers
1. Repli des prix russes et argentins
Les prix à l’exportation du blé russe sont en baisse pour la troisième semaine consécutive, à 227 $/t FOB (-1 $/t). Le blé argentin est également en repli à 209 $/t. Cette pression accrue sur les prix mondiaux réduit les marges de manœuvre pour les origines européennes, notamment la France, qui doit déjà composer avec des facteurs diplomatiques contraignants sur certaines destinations comme l’Algérie.
2. Révision haussière des récoltes dans l’hémisphère sud
L’Australie a revu à la hausse ses prévisions de production pour 2025/26 : blé à 35,6 Mt (+1,8 Mt), orge à 15,7 Mt, canola à 7,2 Mt. De même, la production de maïs sud-africain atteint un niveau record de 16,4 Mt. Ces volumes supplémentaires arrivent sur un marché déjà bien approvisionné et exercent une pression sur les prix, d’autant que les exportateurs cherchent à liquider rapidement leurs stocks avant la nouvelle campagne.
3. Baisse de la consommation en alimentation animale
La grippe aviaire qui touche plusieurs départements français (107 foyers recensés) affecte le secteur de l’alimentation animale. Des abattages de cheptels réduisent les besoins en blé fourrager et en maïs, entraînant des reports de préavis de livraison. Les usines peinent à se projeter, ce qui pèse sur la demande intérieure et limite les perspectives de redressement des cours à court terme.
📊 Notre sentiment de marché
Le sentiment de marché reste globalement prudent. Le MATIF reflète aujourd’hui les fondamentaux mondiaux, notamment la pression exercée par les volumes russes et sud-américains. Dans ce contexte, un rebond technique à court terme semble peu probable sans catalyseur extérieur majeur, de type événement géopolitique.
Sur le blé, les prix se stabilisent autour de 220-225 €/t sur les échéances rapprochées. L’orge, quant à elle, reste au-dessus des 230 €/t grâce à ses primes export, mais la dynamique pourrait ralentir si le rythme des chargements continue de baisser. Le colza se maintient autour des 480-500 €/t, avec un soutien fondamental solide via la demande en huile et les incertitudes réglementaires sur les biocarburants désormais écartées à court terme.
En conclusion, en l’absence de surprise géopolitique, la tendance reste plutôt latérale à baissière. Il peut être opportun d’engager une partie des volumes d’orge sur janvier-mars pour sécuriser les primes actuelles, tout en gardant de la flexibilité via des contrats bases si le marché devait rebondir.



