Maïs : une récolte française de qualité

October 14, 2025
Analyse de marché

🔍 État actuel du marché

Au cours des derniers jours, le marché du maïs et du blé a subi une pression notable à la baisse. Sur le CBOT comme sur Euronext, les cours ont reculé. Le blé et le maïs perdent du terrain sur toutes les échéances. En Europe, les prix à terme connaissent des mouvements contrastés : certaines échéances sont en hausse (juin, août 2026), mais d’autres replient à nouveau, et l’écart entre termes rapprochés et éloignés se réduit. Sur le marché physique français, les prix du maïs ont légèrement reculé, tandis que le blé tendre est resté stable.

Parallèlement, les perspectives de récoltes abondantes en Russie et Ukraine, les conditions de semis et de culture favorables dans l’hémisphère Sud, ainsi que l’absence de remise à jour officielle des conditions de culture via l’USDA, renforcent l’incertitude. De plus, la parité euro/dollar (1,1550 – 1,1600 USD) constitue un facteur de soutien pour les origines européennes, mais ce soutien peine à compenser les baisses générales. Enfin, les opérateurs surveillent les ventes techniques, les positions des fonds et les rapports privés, qui indiquent une légère dégradation du potentiel de rendement dans certaines zones (Iowa, Minnesota).

📈 Facteurs haussiers

Qualité de la récolte française (volumes et caractéristiques)

Le bon niveau de production et des qualités favorables (poids spécifique, taux d’humidité) peuvent permettre aux grains français de rester compétitifs, notamment pour les industriels qui privilégient la qualité. Cette caractéristique peut justifier des primes ou une préférence pour une origine locale, voire ralentir le recul des prix. Cela crée un plancher psychologique pour les vendeurs français.

Demande industrielle et animale stable à moyen terme

Le secteur de l’alimentation animale (et potentiellement les débouchés amidonniers) maintient des besoins constants pour la période janvier à mars 2026. Si la demande interne en France ou dans l’Union européenne ne faiblit pas, elle peut limiter les baisses excessives sur les prix spot ou à terme, si les opérateurs anticipent des couvertures régulières.

Résilience du marché domestique et couverts logistiques

Malgré la pression internationale, certaines usines en France, notamment dans le Grand Ouest ou le bassin ligérien, poursuivent des programmes d’achats pour sécuriser leurs approvisionnements hivernaux, offrant des primes modérées. Par ailleurs, des ajustements logistiques (comme une moindre concurrence sur certains ports ou des arbitrages internes) pourraient offrir des fenêtres de soutien local, notamment si des tensions apparaissent sur les flux sud-européens ou méditerranéens.

📉 Facteurs baissiers

Abondance mondiale de l’offre

Les récoltes brésilienne et argentine, déjà estimées importantes, alimentent le marché mondial avec des volumes compétitifs. Ces origines sud-américaines exercent une pression sur les cours européens, notamment en matière de prix. Cette offre abondante pèse directement sur la capacité de revalorisation des prix européens.

Concurrence accrue à l’export

Les ports espagnols (Bilbao, Tarragone) reçoivent d’importants flux de maïs sud-américain, concurrençant largement les origines françaises sur les marchés de la Méditerranée et du Maghreb. Cette concurrence logistique et tarifaire affaiblit le pouvoir de négociation des origines françaises, notamment dans les zones exportatrices.

Prix physiques sous pression et couvertures déjà engagées

Les transactions physiques s’effectuent désormais entre 175 et 185 €/t rendu port ou frontière, ce qui polisse déjà les marges et limite la remontée éventuelle des cours. De plus, les industriels du Sud-Ouest et du Grand Ouest sont déjà largement couverts jusqu’à la fin de l’année, réduisant leur appétit pour des achats spot et bridant toute dynamique haussière immédiate.

Une contrainte supplémentaire est la parité euro/dollar : un euro plus fort rend les céréales européennes moins compétitives face aux origines en dollar.

📊 Notre sentiment de marché

Notre sentiment de marché à court terme est baissier, compte tenu de l’offre mondiale abondante et de la forte concurrence. Le maïs évolue dans une zone de prix basse et stable, sans signe de tension immédiate. Toutefois, à moyen terme (les prochains mois), le marché pourrait trouver un certain équilibre si la demande intérieure résiste, si des arbitrages logistiques jouent en faveur de l’origine française, ou si des conditions climatiques défavorables affectent les productions sud-américaines.

En termes d’évolution de prix, je vois deux scénarios possibles :

  • Scénario modéré : les prix fluctuent autour de 170 à 190 €/t rendu port français ; des rebonds ponctuels pourraient survenir vers 195-200 €/t si les acheteurs entrent à nouveau.
  • Scénario pessimiste : dans un contexte de surabondance durable, les prix pourraient retomber vers 160‑170 €/t, si l’offre sud-américaine domine encore, sans soutien supplémentaire de la demande ou des conditions logistiques.

Dans ce contexte, je recommanderais aux producteurs ou opérateurs de couvrir une partie de leur production à des niveaux raisonnables à court terme plutôt que d’attendre une remontée improbable, tout en restant attentifs aux signaux de retournement (rapports officiels, météo, décisions politiques).

Articles similaires