Marché céréalier : entre 210 et 225 €/T attendus pour le blé sur Mars 2026

July 29, 2025
Analyse de marché

🔍 État actuel du marché

Les marchés céréaliers européens ont enregistré une nouvelle baisse cette semaine, dans le sillage du CBOT à Chicago, marqué par des dégagements techniques et une pression persistante de l’offre mondiale. Le blé Euronext a cédé entre 5,00 et 7,00 €/t selon les échéances, revenant vers ses plus bas annuels autour de 199 €/t sur l’échéance septembre. Le maïs a reculé plus nettement, notamment sur les échéances lointaines, malgré une météo défavorable en France.

En mer Noire, les récoltes avancent lentement et la qualité suscite des interrogations. En Russie, la chaleur excessive dans le sud et les pluies dans le centre compliquent les moissons, tandis que l’Ukraine voit ses exportations de blé chuter de plus de 64 % sur un an. Aux États-Unis, la météo demeure favorable avec des conditions de culture majoritairement bonnes à excellentes. L’accord commercial USA-UE, bien que symbolique, n’a pas bouleversé les équilibres. Enfin, les récoltes européennes progressent dans un contexte d’humidité élevée, relançant les inquiétudes sur la qualité meunière.

📈 Facteurs haussiers

1. Météo défavorable en Russie et baisse de la qualité

La Russie fait face à une combinaison de chaleur excessive au sud et d’excès de pluie ailleurs, ce qui affecte à la fois les rendements et la qualité du blé. Selon UkrAgroConsult, la campagne 2025 serait pire que celle de l'an passé, déjà médiocre. La Banque centrale russe évoque une perte de 8 % de la surface cultivée dans le sud, ce qui pourrait à moyen terme soutenir les prix mondiaux en raison de moindres disponibilités exportables.

2. Forte baisse des exportations ukrainiennes

Les expéditions de blé ukrainien ont chuté de 64,19 % par rapport à 2024, selon les dernières données du CME. Cette contraction massive réduit l’offre disponible sur les marchés mondiaux, particulièrement en mer Noire, zone stratégique pour les importateurs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Cela pourrait renforcer la demande vers l’UE et soutenir les prix si la tendance perdure.

3. Réduction durable des taxes à l’export en Argentine

Le président Javier Milei a baissé de manière pérenne les taxes à l’exportation sur plusieurs cultures, notamment le maïs (de 12 % à 9,5 %) et le blé (maintien à 9 %). Si cela vise à dynamiser les ventes extérieures, cela pourrait à court terme inciter les producteurs argentins à stocker en attendant une meilleure rentabilité, réduisant temporairement l’offre disponible sur les marchés internationaux.

📉 Facteurs baissiers

1. Offre mondiale abondante anticipée pour 2025/2026

Les conditions climatiques sont jugées globalement bonnes dans les principales zones de production, notamment aux États-Unis où maïs et soja affichent des taux de 70 % et 73 % de “bon à excellent”. Le Brésil récolte sa deuxième culture de maïs avec de très bons rendements, renforçant les perspectives d’un excédent mondial, ce qui pèse lourdement sur les prix à terme.

2. Baisse des prix en mer Noire

Malgré les difficultés logistiques et climatiques en Russie, les prix à l’export FOB ont reculé ces derniers jours. Le blé russe 12,5 % protéines s’échangeait entre 239 et 242 $/t, contre 228–230 $ la semaine précédente. Ce regain d’activité portuaire, malgré une moisson difficile, donne un signal d’offre active qui pourrait continuer de peser sur les prix européens.

3. Avancée des moissons et rendements corrects en Europe

Les récoltes progressent dans l’ensemble de l’Europe, notamment en orge et blé. En France, les moissons s’achèvent avec des rendements globalement bons. En Grande-Bretagne, le blé hiver affiche une baisse de rendement (-11 %), mais les teneurs en protéines restent élevées. En orge, les rendements varient entre 4,7 et 8,3 t/ha, en ligne avec la moyenne quinquennale. Ce volume conséquent pèse à court terme sur les prix.

📊 Notre sentiment de marché

À court terme, le marché des céréales conventionnelles affiche un biais neutre à baissier. L’effet conjugué d’une offre mondiale attendue en forte hausse, de moissons en cours et de ventes actives en mer Noire maintient une pression sur les prix. Toutefois, les éléments haussiers liés aux aléas climatiques en Russie et à la contraction des exportations ukrainiennes pourraient jouer en soutien, en particulier si des perturbations logistiques ou des événements géopolitiques venaient à survenir.

Sur Euronext, le blé pourrait évoluer entre 220 et 235 €/t (échéance septembre), tandis que le maïs resterait comprimé dans une fourchette de 205 à 218 €/t (échéance novembre). Le marché reste en attente d’un signal clair de la demande internationale et de la qualité définitive des récoltes européennes pour réorienter durablement la tendance.

Damien Pierre
Auteur
Damien Pierre

Je suis Damien Pierre, cofondateur de Delivagri. Je suis passionné par l'agriculture depuis mes études réalisées à l'ESA d'Angers. Sur ce blog, j'essayerai de vous partager ma vision de l'agriculture et les solutions que j'identifie pour apporter de la valeur ajoutée auprès des producteurs peu importe leurs choix d'agricultures.

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