Récoltes BIO 2025 : quantité assurée, qualité contrastée

July 30, 2025
Analyse de marché BIO

📌 État des lieux des derniers jours

La moisson bio 2025 est très bien avancée. Les rendements sont excellents sur une grande partie du territoire, les volumes collectés dépasseraient de 30 à 50 % ceux de 2024. Toutefois, la qualité est plus contrastée : la teneur en protéines est globalement faible. Pour atteindre une moyenne de 11 % en blé meunier bio, il faudrait déclasser près de deux tiers de la collecte en fourrager. Le poids spécifique est cependant très bon, atteignant souvent 76 à 80 kg/hl. Quelques cas de carie du blé ont été signalés, bien que leur impact sur la collecte globale reste limité.

📈 Facteurs haussiers

Forte demande sur le blé meunier bio français

Le marché du blé meunier bio est dynamique. Les acheteurs se montrent sélectifs dans leurs approvisionnements pour la récolte 2025, soutenant une tension sur les blés de qualité. Le déclassement nécessaire pour atteindre des teneurs protéiques conformes renforce la rareté du blé répondant aux critères meuniers. Cette situation pourrait entretenir un différentiel de prix favorable aux lots de qualité supérieure.

Bons rendements et poids spécifiques favorisent les opportunités à l’export

Bien que l’export ne soit actuellement pas rentable, les bons rendements et les poids spécifiques élevés (jusqu’à 80 kg/hl en blé bio) pourraient ouvrir de nouvelles perspectives commerciales, notamment sur les céréales fourragères. Certaines régions du Nord-Est exportent déjà vers le Benelux et l’Allemagne, un débouché à surveiller dans un contexte européen tendu.

Maïs bio stable, féveroles dynamiques

Le marché du maïs bio récolte 2024 est stable depuis juin, avec des prix 5 €/t au-dessus de ceux de mai. Les féveroles bio et C2 ont vu des volumes significatifs échangés autour de 440 à 450 €/t rendu FAB, confirmant une demande soutenue des fabricants d’aliments. Cette dynamique offre un soutien global au segment des grandes cultures bio.

📉 Facteurs baissiers

Faible qualité protéique du blé bio

La qualité protéique est le point faible de cette récolte : pour obtenir une moyenne de 10,5 % en blé meunier bio, il faut déjà déclasser 1/3 des volumes. Cette tendance pèse sur les prix des blés fourragers, dont l’offre excède désormais la demande, et limite les possibilités de valorisation.

Surabondance en orge bio et avoine bio

Le marché de l’orge bio française est déséquilibré : beaucoup de vendeurs, mais peu d’acheteurs. Les prix stagnent autour de 300 €/t rendu. L’avoine bio est aussi excédentaire, avec beaucoup de lots en attente de débouchés. Cette offre pléthorique fait pression sur les prix et complique les arbitrages des producteurs.

Carie du blé : un risque agronomique et commercial

Bien que marginale en volume, la présence de carie dans certains lots de blé bio inquiète. Cette maladie fongique peut contaminer durablement une parcelle, interdisant la culture de blé ou d’autres espèces sensibles pendant 5 ans. Ce facteur sanitaire pourrait freiner la valorisation de certains lots et limiter les rotations futures, impactant la rentabilité à moyen terme.

📊 Sentiment de marché

Le marché des grandes cultures biologiques reste actif, mais marqué par une dualité entre quantité et qualité. Les rendements excellents sur l’ensemble du territoire amènent des volumes abondants, mais la qualité – notamment en protéines – est décevante, ce qui complique la commercialisation des lots en blé meunier. Le marché du blé fourrager bio est encore en construction : les acheteurs espéraient une baisse rapide des prix, mais les vendeurs ne cèdent pas aussi facilement. La situation est similaire pour l’orge bio, où le déséquilibre entre l’offre et la demande pèse.

La production attendue en blé BIO à fin juillet est estimée entre 350 000 et 360 000 tonnes.

Du côté des protéagineux, la dynamique est meilleure, notamment pour les féveroles. Les marchés du maïs bio et des graines oléagineuses (colza, tournesol) montrent une certaine stabilité, même si les inquiétudes agronomiques liées aux coups de chaleur pourraient peser sur la campagne 2025-2026.

À court terme, les prix du blé meunier bio pourraient se maintenir autour des 380 €/t départ ferme, tandis que le blé fourrager bio oscillerait autour de 280 €/t. L’orge bio se négocie actuellement à 260 €/t, mais pourrait céder quelques euros si les disponibilités continuent à excéder la demande.

Marius Juvecior
Auteur
Marius Juvecior

Marius est notre spécialiste des marchés des céréales biologiques. Il supervise la commercialisation des productions de nos clients agriculteurs, tant auprès des industriels français qu'à l'export. Issu du monde agricole, il possède une expertise approfondie des conditions de production des cultures biologiques. Franco-Roumain, il maîtrise le roumain, l’anglais et l’espagnol, ce qui lui permet d’intervenir à l’échelle européenne et d’anticiper les dynamiques du marché en suivant de près l’évolution des flux commerciaux.

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