Céréales BIO : + 160 000 T de blé BIO français

June 17, 2025
Analyse de marché BIO

🗞️ Évolution récente du marché

Ces dernières semaines, le marché des céréales biologiques a été marqué par une forte pression baissière, alimentée par l’approche de la récolte 2025 et des prévisions de production en hausse. En France, les opérateurs tablent sur une récolte de +160 000 tonnes de blé, ce qui fait peser une pression sur les prix, notamment pour le blé fourrager. Les premières coupes d’orge dans le Sud-Ouest affichent des rendements autour de 44 q/ha, tandis que l’offre espagnole, très présente, tire les prix vers le bas avec du blé à 320 €/T rendu Sud-Ouest et de l’orge à 245 €/T départ Espagne. En maïs, la fin de campagne se termine difficilement au nord de l’UE et en Espagne, avec des prix autour de 390 €/T DAP, et la prochaine récolte déjà engagée à 330 €/T départ Sud France.

Malgré cela, la consommation progresse, avec une hausse de 4 % des volumes utilisés par les fabricants d’aliments en France, signe d’un regain de dynamisme dans le secteur, notamment en Europe du Sud.

🔼 Facteurs haussiers

1. Hausse de la consommation intérieure

La consommation de céréales biologiques progresse en France, avec une augmentation de 4 % des volumes utilisés par les fabricants d’aliments pour animaux. Ce dynamisme, porté par une demande stable voire croissante dans les circuits de l’alimentation animale, soutient les fondamentaux du marché. Cette tendance est également visible en Europe du Sud, où les industriels renforcent leurs positions malgré un contexte économique encore incertain.

En feed, une commodité tire son épingle du jeu, le maïs en nouvelle récolte est attendu autour de 315–320 €/T départ producteur, venant ainsi atteindre les niveaux du blé fourrager ce qui facilite les mises en formulation.

2. Tensions sur les disponibilités européennes

Les conditions climatiques défavorables (sécheresse, stress hydrique) dans plusieurs pays producteurs comme l'Allemagne, le Danemark ou le Royaume-Uni laissent craindre une réduction des volumes disponibles, notamment en avoine et orge bio. Par ailleurs, certaines réductions de surfaces semées sont notables en Hongrie, Autriche, République Tchèque et Ukraine, estimées entre -5 % et -15 % en un an, selon les opérateurs. Cette baisse des disponibilités peut entraîner un resserrement des bilans d’ici l’automne.

3. Prix élevé du blé meunier

Le blé meunier biologique récolte 2025 se traite entre 465 et 485 €/T rendu minoterie, avec une prime de +40 €/T pour des teneurs en protéines à 13 %. Ces niveaux soutenus témoignent d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, en lien avec une réduction des investissements en fertilisation organique cette année. Cela confère un signal de marché fort et contribue à maintenir une valorisation élevée du blé bio destiné à la meunerie.

Attention toutefois, les meuniers français sont en quête de qualité suite à une récolte 2024 problématique.

🔽 Facteurs baissiers

1. Fortes attentes de production en France

La prévision d’une récolte de 350 kT de blé biologique en France, soit +160 kT par rapport à l’an passé, pèse lourdement sur les prix à l’approche des moissons. Ce surcroît d’offre intervient dans un marché encore déséquilibré et accentue les stratégies attentistes des acheteurs qui attendent une détente des prix post-récolte.

2. Réductions de prix à l’approche de la récolte

Une baisse progressive des prix est observée sur les semaines récentes. Le blé fourrager risque de se négocier désormais autour de 300 €/T départ, l’orge à 275 €/T, confirmant un contexte de pression à la vente dans un marché en attente de volumes. Cette tendance est accentuée par la disponibilité croissante de marchandises espagnoles à prix compétitifs.

3. Surplus en féverole et désintérêt du marché

La féverole continue de souffrir d’un manque d’attractivité face au soja, malgré des stocks encore significatifs sur le nord de la France. Les intentions de semis pour la récolte 2025 affichent une hausse de 40 %, ce qui risque d’amplifier un déséquilibre entre l’offre et la demande et de prolonger la pression sur les prix de cette protéagineuse.

📊 Sentiment de marché

Le sentiment général reste orienté à la baisse à court terme, principalement en raison des volumes importants attendus à la récolte, notamment en blé. Cette surabondance pèse sur la capacité du marché à digérer les disponibilités rapidement. Par ailleurs, les importations compétitives en provenance d’Espagne et les conditions climatiques globalement favorables à la récolte confortent les opérateurs dans une position d’attente.

Toutefois, la demande structurellement robuste, notamment pour l’alimentation humaine et en Europe du Sud, limite la chute des prix et pourrait créer des points de rebond si la qualité des récoltes n’est pas au rendez-vous.

Les prix estimées, légèrement à la baisse, dans les semaines à venir en départ producteur sont les suivants :

  • Blé fourrager : 300 €/T
  • Blé meunier : 390 €/T
  • Orge : 275 €/T
  • Maïs : 315–320 €/T

À surveiller dans les prochaines semaines : la qualité des premiers lots récoltés, l’évolution du climat en Europe centrale et les premiers positionnements des acheteurs industriels à l’issue de la moisson.

Marius Juvecior
Auteur
Marius Juvecior

Marius est notre spécialiste des marchés des céréales biologiques. Il supervise la commercialisation des productions de nos clients agriculteurs, tant auprès des industriels français qu'à l'export. Issu du monde agricole, il possède une expertise approfondie des conditions de production des cultures biologiques. Franco-Roumain, il maîtrise le roumain, l’anglais et l’espagnol, ce qui lui permet d’intervenir à l’échelle européenne et d’anticiper les dynamiques du marché en suivant de près l’évolution des flux commerciaux.

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