Céréales : stabilité des prix à court terme malgré un contexte mondial agité
🔍 État du marché ces derniers jours
Entre le 10 et le 14 juillet, les marchés des céréales ont connu une activité contrastée sur Euronext. Le blé a enregistré un recul de 4 €/t sur l’échéance septembre 2025, en phase avec la baisse du CBOT, où les prix ont perdu 14 cts$/t. Cette pression s’explique par des révisions haussières des stocks mondiaux et états-uniens par l’USDA, ainsi que par le bon avancement des moissons de blé d’hiver aux États-Unis.
L’orge fourragère a suivi la même dynamique. En revanche, le maïs a affiché une certaine résistance : +2,25 €/t sur l’échéance août 2025, mais -2,50 €/t sur novembre 2025. Le maïs évolue assez peu en raison d’une bonne disponibilité de l’offre physique.
À l’international, les tensions géopolitiques avec les États-Unis et les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump ont généré des incertitudes. Le pétrole est en hausse (+1,88 $/baril à New York), tandis que l’euro s’est légèrement affaibli. L’Algérie, le Maroc et la Turquie restent actifs à l’achat, tandis que l’Ukraine voit ses exportations chuter fortement (-76 % sur un an).
📈 Facteurs haussiers
1. Tensions géopolitiques et nouvelles barrières douanières
L’annonce par les États-Unis de nouveaux droits de douane sur plusieurs partenaires commerciaux, dont l’Union européenne, la Chine et l’Inde, suscite une incertitude importante. Ces décisions pourraient perturber les flux commerciaux internationaux de céréales et entraîner des redirections de l’offre. La taxe de 30 % envisagée sur l’UE pourrait renforcer la compétitivité des origines françaises sur certains marchés tiers.
2. Demande extérieure soutenue
L’Algérie recherche 50 KT de blé tendre pour les livraisons de septembre et octobre. Le Maroc prévoit d’augmenter ses achats de blé dur américain jusqu’à 600 KT sur la campagne, et la Turquie a instauré un quota tarifaire pour importer jusqu’à 500 KT de maïs sans droits. Cette demande internationale contribue à soutenir les prix malgré les tensions internes.
3. Affaiblissement de l’euro face au dollar
L’euro a reculé face au dollar, passant de 1,1703 à 1,1663 USD. Cette baisse améliore la compétitivité des céréales européennes à l’export, notamment vers les pays du bassin méditerranéen. Elle pourrait permettre de stimuler les ventes françaises dans un contexte de récolte avancée.
📉 Facteurs baissiers
1. Révision à la hausse des stocks mondiaux (rapport USDA)
Le rapport USDA de juillet a révisé légèrement à la hausse les stocks mondiaux de blé à 261,5 Mt et ceux de maïs à 272,08 Mt. Bien que marginales, ces hausses pèsent sur le sentiment de marché, en particulier dans un contexte de récoltes bien engagées dans l’hémisphère Nord. Cela limite les perspectives de tension à court terme.
2. Avancement rapide des récoltes aux États-Unis et au Brésil
La moisson de blé d’hiver américain avance plus vite que prévu (+10 pts sur une semaine), tandis qu’au Brésil, 40 % de la récolte de maïs d’hiver est déjà terminée. Cette offre abondante en provenance des deux Amériques exerce une pression sur les cours mondiaux, en particulier sur le CBOT, et par ricochet sur Euronext.
3. Repli technique des cours sur les marchés à terme
Malgré une activité soutenue (plus de 100 000 lots échangés sur le blé meunier Euronext), les cours ont terminé en baisse sur les échéances principales. Le mouvement technique de prise de bénéfices, combiné à un contexte macroéconomique incertain, a entraîné un recul des prix, sans signal clair de rebond immédiat.
📊 Notre sentiment de marché
Nous adoptons une posture neutre sur le marché des céréales à court terme. Les éléments fondamentaux s'équilibrent : d’un côté, une demande internationale présente et un climat géopolitique tendu susceptible de redistribuer les cartes du commerce mondial ; de l’autre, des disponibilités globalement abondantes et des récoltes qui avancent rapidement.
Les révisions haussières des stocks mondiaux viennent renforcer cette stabilité apparente. Dans ce contexte, les prix ne devraient pas connaître de forte variation d’ici fin juillet. Nous anticipons une plage de prix stable, autour des niveaux actuels : 205 à 215 €/t pour le blé tendre sur Euronext décembre 2025, et 200 à 205 €/t pour le maïs échéance novembre 2025, sous réserve d’évolution macroéconomique ou climatique majeure.