3,5 millions de tonnes de report de stock attendus pour cette fin de campagne 2024

June 19, 2025
Analyse de marché

🗞️ Évolution récente du marché

Le marché du maïs a connu une légère reprise ces derniers jours, avec une hausse de +3,25 €/t sur Euronext et une progression de +4,00 cents sur le CBOT pour l’échéance juillet. Cette dynamique haussière reste néanmoins modérée, freinée par de bons indicateurs agronomiques aux États-Unis, où 72 % des cultures sont jugées bonnes à excellentes.

En France, le marché est influencé par une perspective de production record pour la récolte 2024, estimée à 14 millions de tonnes contre une moyenne quinquennale de 12 Mt. Le Rhin montre des signes de fermeté sur la nouvelle récolte autour de 200 €/t sur l’échéance JJ26, tandis que la campagne actuelle se clôture sur des stocks de report exceptionnellement élevés.

À l’export, les volumes restent soutenus, notamment vers l’Espagne (1,17 Mt) et les Pays-Bas (800 kt), même si la logistique intérieure reste un frein, notamment pour les flux camions. Le contexte géopolitique, notamment au Moyen-Orient, donne également un coup de pouce au marché via les prix de l’énergie.

🔼 Facteurs haussiers

1. Rebond des marchés de l’énergie en lien avec le conflit Iran–Israël

L’augmentation du prix du pétrole stimule le secteur des biocarburants, ce qui profite mécaniquement à la demande en maïs, notamment aux États-Unis où il est largement utilisé dans l’éthanol. Ce soutien exogène renforce la base de prix à court terme, tant sur le CBOT que sur Euronext.

2. Fermeté de la nouvelle récolte sur le Rhin et sur Euronext

Les cotations sur la nouvelle récolte affichent une résistance autour des 200 €/t (JJ26), notamment grâce à l’activité plus intense des OS (Organismes Stockeurs) sur cette période. Cela reflète des attentes de reprise de la demande industrielle à l’été, notamment pour l’alimentation animale.

3. Réticence des producteurs ukrainiens à vendre

La baisse des cotations en Ukraine ne déclenche pas d’offres supplémentaires. L’offre mondiale reste ainsi contenue, ce qui limite la pression baissière sur les prix européens et favorise la compétitivité relative du maïs français à l’export.

🔽 Facteurs baissiers

1. Stock de report record à 3,5 millions de tonnes en France

La France s’oriente vers un stock de fin de campagne historiquement élevé. Cela exerce une pression sur les prix physiques, surtout en régions intérieures, où les offres pour les usines d’aliments risquent d’être surabondantes cet été.

2. Très bon état des cultures aux États-Unis

La note « bon à excellent » atteint 72 %, ce qui dépasse les attentes du secteur privé. Cela conforte les perspectives de bonne récolte pour 2024/25 et pèse sur les échéances lointaines du CBOT, malgré les soutiens actuels.

3. Révision haussière de la récolte brésilienne

Le cabinet Soybean & Corn Advisor a réévalué la récolte brésilienne de 1 Mt à la hausse. Cette offre additionnelle pourrait revenir sur les marchés mondiaux d’ici la fin de l’année, notamment en concurrence avec le maïs européen et ukrainien.

📊 Sentiment de marché

Le marché du maïs semble dans une phase de stabilisation à court terme, soutenu par des facteurs exogènes (énergie, logistique tendue) mais clairement freiné par des fondamentaux très lourds sur le plan français, notamment avec une production 2024 estimée à 14 Mt et un stock de report de 3,5 Mt.

La demande intérieure reste stable, mais l’offre excédentaire pourrait créer des opportunités de prix avantageux pour les acheteurs industriels cet été. À court terme, une fourchette de 195 à 205 €/t sur le MATIF échéance novembre semble probable.

À condition que le climat reste favorable, le marché pourrait céder vers les 190 €/t en cas d’absence de nouveaux soutiens géopolitiques ou d’achats techniques massifs. En revanche, un rebond vers 210 €/t est possible si la tension sur les biocarburants se maintient et que la logistique pèse sur les disponibilités physiques à court terme.

Damien Pierre
Auteur
Damien Pierre

Je suis Damien Pierre, cofondateur de Delivagri. Je suis passionné par l'agriculture depuis mes études réalisées à l'ESA d'Angers. Sur ce blog, j'essayerai de vous partager ma vision de l'agriculture et les solutions que j'identifie pour apporter de la valeur ajoutée auprès des producteurs peu importe leurs choix d'agricultures.

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