Sécheresse, euro, semis US : les trois moteurs d’un marché du blé indécis

May 2, 2025
Analyse de marché

🔎 Résumé de la situation récente

Le début du mois de mai est marqué par des semaines d'activité tronquées sur le marché physique, en raison des jours fériés successifs, dont celui du 1er mai qui a conduit à la fermeture d’Euronext. Toutefois, le marché financier, lui, reste dynamique. Les cours du blé sur Euronext et sur le CBOT ont montré une certaine volatilité ces derniers jours, influencés par plusieurs facteurs fondamentaux et macroéconomiques. Entre le 28 et le 29 avril, le prix du blé a reculé, dans le sillage du CBOT, où la bonne avancée des semis et le renforcement du dollar ont pesé sur les cours.

À noter que la situation météorologique reste préoccupante en Europe et en zone mer Noire, avec une sécheresse marquée. En France, les conditions de culture demeurent stables avec 74 % des blés tendres jugés en "bon à très bon" état, bien au-dessus de la moyenne de 2024 (63 %). Du côté de la macroéconomie, la légère baisse de l'euro autour de 1,13 face au dollar offre un léger soutien mécanique aux prix en euro. Les opérateurs surveillent aussi l'export français, redevenu attractif grâce au repli des prix.

📈 Facteurs haussiers

1. Sécheresse en Europe et en mer Noire

Des conditions climatiques sèches persistent en Europe centrale (Allemagne, Pologne, République tchèque, Roumanie) ainsi qu’en Ukraine et dans les plaines russes. Ce déficit hydrique fragilise les cultures de blé d’hiver, notamment en phase de montaison et tallage. La situation s’aggrave également dans le nord de la Chine, ce qui pourrait réduire l’offre mondiale à moyen terme et renforcer les inquiétudes quant à la qualité des récoltes.

2. Stabilité des conditions de culture en France

Selon FranceAgriMer, 74 % des blés tendres sont en conditions "bonnes à très bonnes", un niveau stable par rapport à la semaine précédente mais nettement supérieur à celui de 2024 (63 %). Les stades de développement avancent bien, avec 94 % des blés tendres au stade 2 nœuds. Cette situation rassure les opérateurs sur la production française et conforte le potentiel export.

3. Affaiblissement récent de l’euro face au dollar

Après une remontée, l’euro s’essouffle à 1,13 face au dollar (-0,31 %). Cette baisse accroît la compétitivité des exportations européennes, notamment françaises, sur le marché mondial. Elle constitue donc un soutien indirect aux prix du blé libellés en euro, dans un contexte où l’exportation est un levier crucial de soutien au marché.

📉 Facteurs baissiers

1. Bonne avancée des semis et amélioration des cultures aux États-Unis

Au 27 avril, les semis de blé de printemps aux États-Unis avaient progressé à 30 % (+13 pts), et ceux du maïs à 24 % (+12 pts). Le blé d’hiver, quant à lui, affiche 49 % de cultures en "bonnes à très bonnes" conditions, en hausse de 4 pts. Même si les États comme le Kansas restent affectés par la sécheresse, l’amélioration globale des conditions et le rythme soutenu des semis pèsent sur les cours.

2. Pression de la future récolte 2025

Avec la fin de campagne 2024/25 qui approche, l’attention se déplace progressivement vers la récolte 2025. Les prix physiques commencent à refléter cette transition. Le retour de l’activité export est encore incertain malgré des prix plus bas, et les disponibilités potentielles pèsent déjà sur les marchés à terme, qui peinent à trouver un support technique solide.

3. Volatilité macroéconomique et tension commerciale

La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine reste un facteur de perturbation majeur. Bien que des discussions semblent émerger, les tensions douanières pourraient freiner le commerce international, en particulier sur les produits agricoles. Le pétrole a baissé fortement ces derniers jours, impactant le sentiment de marché sur les matières premières.

💬 Sentiment de marché

Le marché du blé semble chercher un point d’inflexion après plusieurs séances de repli. Le contrat Wheat à Chicago semble prêt pour un retournement haussier, après avoir touché une zone de support technique autour des 5,30-5,35 $/boisseau. Les modèles restent néanmoins baissiers à court terme, et les opérateurs attendent le rapport USDA du 12 mai pour y voir plus clair.

Le blé MATIF (échéance septembre) pourrait suivre ce même schéma de reprise technique. Les signaux mathématiques indiquent un possible rebond vers 225 €/t à court terme, avec une résistance importante autour des 230-235 €/t. Tant que le marché reste dans cette zone, la prudence reste de mise, mais un franchissement clair des 230 €/t pourrait enclencher une dynamique haussière plus soutenue.

Julien Laurent
Auteur
Julien Laurent

Julien à rejoint Delivagri en 2024.

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