Orge brassicole 2025 : Vers une reprise ou un marché sous pression ?

March 10, 2025
Analyse de marché

Le marché de l’orge brassicole continue d’évoluer dans un environnement marqué par des défis climatiques, des fluctuations de prix et une concurrence mondiale accrue. Alors que la campagne 2025 se profile, plusieurs éléments macroéconomiques et fondamentaux influencent les perspectives du marché.

L’orge brassicole connaît des mouvements de prix notables alors que la campagne 2025 se profile. Selon les dernières données du marché, le prix FOB de l’orge brassicole 2RS (Rouen) pour la récolte 2025 est actuellement évalué à 260 €/t (278 USD/t), en légère baisse par rapport à la campagne 2024 à la même période. Cette tendance baissière peut être attribuée à des perspectives de production favorables et à un avancement rapide des semis, atteignant 65 % de la sole ensemencée au 3 mars, soit 37 points de plus que l’an dernier.

Bilan de la campagne 2024 : des rendements contrastés mais une qualité préservée


En 2024, la France a confirmé son rôle de premier producteur d’orge brassicole au sein de l’Union européenne. Malgré une météo capricieuse, la production nationale d’orge d’hiver a atteint 7,2 millions de tonnes, soit une baisse de 15 % par rapport à la moyenne quinquennale. Concernant la production d'orge de printemps, elle a été estimée à 3,3 Mt soit une augmentation de 26,1 %. Cette hausse est liée à celle des surfaces (+ 28,8 %). Les surfaces d’orge de printemps sont actualisées à la hausse, à 577 000 ha, et la première estimation du rendement est de 56,6 q/ha

Si certaines régions ont été particulièrement impactées par cette baisse, certaines région comme la Bourgogne a maintenu des niveaux de production proches des moyennes historiques. Le cumul des surfaces implantées en orge de printemps a atteint 47 600 ha, soit un niveau conforme à la moyenne quinquennale, et le rendement moyen s’est établi à 47 q/ha, un chiffre stable par rapport aux cinq dernières années.

Dans cette région, l’orge de printemps brassicole domine avec 85 % des surfaces dédiées à la variété RGT Planet. Les variétés KWS Thalis et KWS Fantex sont également présentes, représentant respectivement 7 % et 5 % des cultures. L’arrivée de nouvelles variétés comme Sting et LG Allegro, plus productives et mieux adaptées aux conditions climatiques changeantes, pourrait modifier le paysage variétal à l’avenir.

Malgré un contexte météorologique défavorable, la qualité des orges brassicoles françaises est restée globalement bonne. Les teneurs en protéines ont été conformes aux attentes des malteurs (9,6 % en moyenne), et le poids spécifique a atteint 60 kg/hl, un niveau acceptable bien que secondaire pour la filière brassicole.

Le marché mondial a toutefois pesé sur les prix en raison d’une offre abondante et d’une demande modérée, impactant directement la rentabilité des producteurs français.

Facteurs haussiers

🔺 Demande soutenue des malteurs et brasseurs

Malgré un marché globalement détendu, les besoins des industriels restent stables. La forte demande en bières spéciales pousse certains malteurs à sécuriser des volumes de qualité supérieure. Cette dynamique pourrait stimuler les primes sur les lots bien calibrés.

🔺 Risques climatiques sur les récoltes à venir

Si les semis ont progressé rapidement, la météo des prochains mois sera déterminante. Une sécheresse printanière ou des excès d’humidité lors de la floraison pourraient pénaliser le rendement et la qualité, réduisant ainsi l’offre disponible sur le marché.

🔺 Baisse potentielle des surfaces en Europe

Certains pays producteurs pourraient réduire leurs emblavements en faveur d’autres cultures plus rémunératrices (colza, tournesol). Une baisse des disponibilités européennes renforcerait la position de la France sur le marché international.

Facteurs baissiers

🔻 Avancement rapide des semis et bonnes conditions agronomiques

Avec 65 % des surfaces déjà semées, soit 10 points de plus que la moyenne quinquennale, la campagne s’annonce bien engagée. Une implantation précoce et homogène est souvent synonyme de bons rendements, ce qui pourrait exercer une pression sur les prix à la récolte.

🔻 Concurrence accrue des origines mondiales

Les prix de l’orge fourragère australienne et canadienne restent compétitifs. Si ces pays proposent des lots brassicoles conformes aux standards de l’industrie, les acheteurs pourraient se détourner du marché européen, limitant ainsi les opportunités d’exportation.

🔻 Stocks encore confortables en sortie de campagne 2024

Les volumes disponibles en fin de campagne restent relativement élevés. Si la demande des malteurs ne progresse pas significativement, ces stocks pourraient peser sur les prix en limitant les tensions à l’achat.

🔍 Sentiment de marché et perspectives de prix

Le marché de l’orge brassicole reste sous pression. Les prix en FOB Rouen oscillent entre 247 et 265 €/t, et pourraient se stabiliser entre 240 et 260 €/t.

Toutefois, en cas de perturbations climatiques ou de regain de la demande, un rebond vers 270 €/t est envisageable.

Nous surveillerons attentivement l’évolution du marché et vous tiendrons informés des opportunités de commercialisation.

Rappel : Positionnement stratégique de la France

Grâce à ses acteurs majeurs et ses infrastructures performantes, la France reste un pilier du marché mondial de l’orge brassicole.

Principaux opérateurs

  • Malteurop (Vivescia) – 2,2 Mt de malt/an
  • Boortmalt (Axéréal) – Premier malteur mondial
  • Malteries Soufflet (Groupe Soufflet)

Ports et infrastructures clés

  • Rouen – Premier port céréalier français, essentiel pour les exportations vers la Chine
  • La Pallice – Hub majeur pour les céréales
  • Creil et la Moselle – Zones de cotation stratégiques

Julien Laurent
Auteur
Julien Laurent

Julien à rejoint Delivagri en 2024.

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