Évolution récente du marché
Les marchés céréaliers mondiaux ont évolué en légère baisse ces derniers jours, avec un repli du blé CBOT après avoir atteint un plus haut de trois mois en séance de nuit sur l’échéance mars 2025. Les opérateurs restent attentifs aux potentielles nouvelles mesures commerciales de l’administration Trump, tandis que les inquiétudes concernant le faible développement des blés russes refont surface avec l’annonce d’un refroidissement marqué en Russie la semaine prochaine.
En Europe, le blé MATIF a consolidé, sous l’influence des marchés américains, mais la prudence domine, notamment en raison d’un manque de demande internationale sur l’ancienne récolte. Les marchés restent également en attente du rapport USDA du 11 février, qui pourrait apporter des éléments décisifs sur l’offre et la demande mondiale.
Sur le plan des fondamentaux, StatsCan a annoncé des stocks de blé canadien au 31 décembre 2024 à 24,5 Mt, soit une légère hausse par rapport à l’année précédente. Cela confirme une offre mondiale toujours abondante, même si l’attention reste focalisée sur la Russie et l’Ukraine.
Dans ce contexte, le blé Euronext a rebondi après une chute marquée, notamment en raison du retour des achats des fonds spéculatifs. Sur l’échéance mai 2025, les prix ont approché les 240 €/t, tentant de suivre le CBOT où les cours frôlent désormais 600 cts$/boisseau sur l’échéance de mai.
Facteurs haussiers
- Conditions météorologiques défavorables en Mer Noire
L’élément le plus scruté actuellement reste la météo en Russie et en Ukraine. Une vague de froid est attendue dans ces régions, alors que les spécialistes s’inquiétaient déjà d’une entrée dans l’hiver trop douce, limitant l’endurcissement des cultures face aux températures extrêmes. Si ces conditions météorologiques entraînent des dégâts sur les cultures, l’offre mondiale pourrait être réduite, ce qui renforcerait la pression haussière sur les prix. - Limitations des exportations russes
La Russie envisage de mettre en place des restrictions sur ses exportations de blé, limitant ainsi son rôle clé sur le marché mondial. Les exportations russes jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement global, et toute réduction des volumes disponibles pourrait entraîner un report de la demande vers d’autres origines, notamment européennes. Cette incertitude pousse déjà certains acheteurs à anticiper des achats, soutenant ainsi les prix. - Reprise des achats des fonds spéculatifs
Les fonds d’investissement avaient accumulé des positions vendeuses (short) importantes sur le blé, mais la tendance est en train de s’inverser. Le froid attendu en Russie et la hausse récente du CBOT ont provoqué des rachats de positions par les fonds, ce qui a amplifié le mouvement haussier des prix. Si cette dynamique se poursuit, les cours pourraient continuer leur progression.
Facteurs baissiers
- Faiblesse de la demande internationale
Malgré une reprise technique des cours, la demande mondiale de blé reste modérée. En Europe, les ventes à l’exportation en ancienne récolte manquent de dynamisme, et plusieurs pays importateurs cherchent à sécuriser des approvisionnements alternatifs, notamment via la production nationale ou des origines plus compétitives. - Stocks abondants au Canada
Le rapport de StatsCan a révélé que les stocks de blé canadien au 31 décembre 2024 atteignent 24,5 Mt, un niveau légèrement supérieur à l’année précédente. Cette offre abondante, associée à un rythme d’exportation soutenu, pourrait limiter la hausse des prix en maintenant une concurrence forte sur le marché mondial. - Retour des précipitations en Argentine
Les conditions météorologiques en Argentine s’améliorent avec l’arrivée de précipitations bénéfiques aux cultures de maïs, qui étaient sous stress hydrique. Cela renforce la compétitivité du maïs sur le marché mondial et pourrait limiter la demande pour le blé sur certains segments (alimentaire et alimentation animale).
Sentiment de marché
Le marché du blé meunier est dans une phase d’hésitation, oscillant entre des facteurs haussiers (incertitudes en Mer Noire, achats des fonds) et des éléments baissiers (stocks mondiaux élevés, faible demande à l’exportation).
Actuellement, les prix du blé Euronext sur l’échéance mai 2025 tournent autour de 240 €/t. À court terme, l’évolution des conditions météorologiques en Russie sera déterminante. Si les prévisions de froid se confirment et provoquent des dommages aux cultures, les prix pourraient rapidement progresser vers 250 €/t. À l’inverse, si les dégâts restent limités et que la demande internationale ne se renforce pas, un repli vers 230 €/t est envisageable.
Les opérateurs restent également en attente du rapport USDA du 11 février, qui pourrait influencer la tendance à venir en apportant de nouvelles estimations sur l’offre et la demande agricoles mondiales.
En conclusion, la prudence reste de mise sur le marché du blé meunier, avec un biais légèrement haussier tant que les incertitudes météorologiques persistent en Mer Noire.